Vanilla stomp - admin

HISTOIRE
Histoire : Je suis née en Afrique. Dans ce désert où il y a encore des dizaines de groupes de chevaux sauvages. Ma mère était une belle jument, grande et forte. Souriante. Qui m'élevait bien, et m'enseignait l'art de vivre. Je ne me souviens que très vaguement de mon père, qui n'était pas très présent pour ainsi dire. Malgré cette absence, je grandissais bien. J'étais quelque peu l'invisible du groupe. Nous étions treize chevaux, notre particularité était nos robes claires, alors que la plupart des autres groupes comptaient une grande majorité de bais, de noirs ou encore de gris très foncés. Je me souviens de presque tout, malgré mon âge et mon insensibilité à mon passé. Il n'a rien d'extraordinaire, à vrai dire. J'ai juste grandi normalement parmi le reste du groupe, atteignant mes quatre ans un matin d'hiver. J'étais solitaire, et je voulais me lancer à la conquête d'ailleurs, à ce que je ne connaissais pas. Au danger ? Peut être bien, qui sait. J'avais cette petite préférence pour l'inconnu, l'impossible. Les situations délicates, aussi. C'est surement pour ça, que je me suis liée d'amitié pour une petite fille, une petite humaine. Une jeune fille qui a grandi, pour devenir une jeune femme. Je vieillissais, elle vieillissait de son côté. Mais dans ce désert sans fin où l'eau était bien dure à trouver, elle sifflait de loin pour que je la reconnaisse. Ce n'était même pas moi qui venait à sa rencontre, mais elle qui venait par derrière sans même que je me méfie. J'étais si bien, lorsqu'elle était là... Une harmonie déstabilisante entre un bipède et un équidé. Ma mère qui me croisait de temps en temps ne me comprenait pas. A vrai dire, moi non plus. Mais je ne cherchais pas à comprendre. J'aimais cette gamine de tout mon cœur et, petit à petit, elle gagnait toute ma confiance, jusqu'à s'installer sur mon dos, sans selle ni mors, et moi, je la portais. Je traversais les plus grandes prairies désertes au galop, avec des foulées plus grandes que moi... Je ne garde que de bons souvenirs d'elle. Et puis un jour, elle est venue, une expression triste et inquiète au visage... Je me rappelle que ça m'avait déchiré le cœur de la voir comme ça. Je détestais quand elle n'était pas bien. Elle m'a alors parlé. Je n'y comprenais pas grand chose mais, je comprenais où elle voulait en venir. Elle devait partir et ce, définitivement. Mais moi, qu'est-ce que je serais devenue ? Sans elle, perdue au milieu d'un désert du vaste continent ? Je hennissais jusqu'à me détruire la respiration. J'étais brisée. De petites gouttes se mirent à couler sur les joues de Jennie, la petite fille devenue femme. Au fond, c'était comme mon enfant, mon protégé. Je n'étais pas décidée à la laisser seule face au monde. Ce n'était ni possible et encore moins voulu... Je ne me sentais pas capable. Il me semble qu'à ce moment là, j'avais onze ans. Je gagnais en maturité et en compréhension, ainsi qu'en intelligence. Après la panique, une certaine inquiétude vint s'installer entre Jennie et moi... Je me couchais alors auprès d'elle. Sa tête sur mon encolure, je la regardais. Mon souffle chaud semblait la réconforter. Et cela me rassurait de la voir sourire. Au fond, rien ne nous séparerait. Parce que plus j'y réfléchissais, plus ça me semblait envisageable: pourquoi est-ce que je ne partirais pas avec elle ? Il suffirait qu'elle le veuille... On aurait pu rester des heures, couchées là, au milieu de nul part, à l'ombre d'un arbre sans aucune feuille. Toutes mortes et séchées par la chaleur, sans doute. Il vint un moment où il me semble qu'elle s'est levée et que je l'ai suivi dans son mouvement. Je crois qu'elle m'a caressé l'épaule, et que je l'ai regardé. Elle m'a dit quelque chose comme un "Au revoir", que je n'ai pas compris. Mais elle est partie. Je crois que ça voulait dire adieu. Mais plus elle s'éloignait, plus je galopais derrière elle pour la suivre. Et un Homme qui marche ne va pas aussi vite qu'un cheval qui galope. Derrière sa voiture grise, était tracté un camion d'une forme bizarre que je n'aimais pas. C'était étrange, Jennie souriait tout à coup. Elle semblait être heureuse, alors qu'il y a deux minutes elle aurait pu éclater en sanglots... Pour moi, les humains auraient toujours une part de mystère. Mais elle m'a fait signe de la suivre, et je l'ai fait. J'avais totale confiance en elle. Je suis passée derrière son camion bizarre et elle a ouvert la porte de celui-ci. L'intérieur était blanc, vide... Et petit. De longues herbes un peu jaunes par la sécheresse étaient suspendues dans une sorte de filet, à mon avis c'était mangeable. Je suis montée dans le camion, intriguée par la nourriture et l'eau. Jennie m'a félicité, sans que je ne comprenne pourquoi... Elle m'a mit en confiance et a fermé la porte. Je me retrouvais seule, dans ce tout petit espace, confrontée à moi même et à la solitude. Je stressais et j'avais peur. Mais je la sentais. Elle n'était pas loin. Et moi, je ne pouvais pas bouger. J'étais immobilisée. Le décor neutre m'effrayait. Je sentais sa grosse voiture grise démarrer. J'étais habituée, à ce bruit là. Peu à peu, je me détendais. Ce n'était pas si effrayant que ça, en réalité. C'était même plutôt amusant de sentir son corps se déplacer sans avoir à bouger. Une sensation quelque peu étrange mais, sympathique. Tranquille. Je ne sais pas combien de temps je suis restée là, mais je sais que j'y suis restée longtemps. Je m'endormais, me réveillait pour boire et manger un coup pour dormir encore. Mes membres se fatiguaient et je me serais bien couchée, mais la place ne me le permettait pas... J'ai senti la voiture s'arrêter plusieurs fois mais, elle s'est réellement arrêtée après une bonne dizaine d'heure. La femme qui a ouvert la porte du camion n'était pas la Jennie qui je connaissais, elle était fatiguée et un peu creuse du visage. C'était Jennie, malgré tout. N'avait-elle pas dormi ? Elle m'a dit quelque chose, mais encore une fois j'étais incapable de comprendre. Elle me faisait comprendre tant bien que mal que je devais descendre. Derrière, je voyais de grands prés... verts ? Je n'avais aucune idée de ce que c'était mais, je suis sortie en reculant puisque je n'avais pas d'autres choix. Jennie m'a mis un espèce de truc sur la tête, en tenant une sorte de corde colorée dans les mains... Elle tirait légèrement dessus, et ça me faisait un drôle d'effet sur la tête... Je n'avais pas peur, elle pouvait faire ce qu'elle voulait de moi, je lui faisais confiance. Il m'a fallut un peu de temps pour comprendre que cette chose servait à me faire avancer dans la direction qu'elle voulait. Des fois je m'amusais à la dépasser au petit trot, mais ça ne semblait pas bien la faire rire. Elle avait changé, elle était plus stressée. Et elle venait moins me voir. Quant à moi, j'avais moins d'espace. Des barrières et des fils électriques limitaient mon espace. J'étais avec deux autres juments, avec qui je n'ai jamais eu de réelle relation, amicale ou non. Je savais juste que leur noms étaient "Milady" et "Tanishella". On partageait notre foin (ces fameuses herbes jaunes et sèches, mais bonnes malgré leur apparence) et notre abri en bois. Quand Jennie venait me voir, elle me sortait pour me brosser et me faire marcher quelque peu, ne voulant pas me monter pour m'arracher ma liberté, m'avait expliqué Milady une fois. Elle était habituée aux hommes et comprenait beaucoup mieux leur langage que moi. Je suis restée parmi Milady et Tanishella quelques années. Cinq, je crois. Après ça, je me souviens d'une après-midi d'été où Jennie était venue. Enfin non, c'était sa sœur que j'aimais beaucoup aussi. Mais c'était différent que d'habitude... Elle était tendue, et semblait triste. Au bout de quelques années et de nombreuses explications de Milady, je comprenais à peu près leur langue, aux Hommes. Et sa sœur Anna me parlait beaucoup. Elle me disait par exemple que Jennie lui manquait. Qu'elle était surement mieux là où elle était. Mais où ? Et pourquoi ne m'avait-elle pas dit au revoir ? J'étais blessée, terriblement mal... Mais il ne m'a pas fallut longtemps pour comprendre qu'en fait, elle ne reviendrait tout simplement pas. Parce qu'elle était bien plus loin que des centaines de kilomètres, elle avait tout simplement disparu... Anna est venue un autre jour, m'a emmené. Où, je ne sais pas. Mais elle m'a lâché au milieu d'une très grande plaine, et m'a dit qu'elle m'aimait. Qu'elle reviendrait peut être un jour me voir. Je ne l'ai plus jamais revu... Ni elle, ni Jennie.